Voyage au cœur de la nouvelle extrême-droite tchèque

Deux journalistes du site d’information Deník Referendum ont publié une série de reportages après avoir infiltré des groupes d’extrême-droite tchèques l’été dernier. Leurs articles racontent les déboires du principal parti nationaliste tchèque – le SPD de Tomio Okamura -, l’émergence d’un nouveau mouvement idéologique au sein de la société baptisé « néo-patriote », et plus généralement les conséquences de la banalisation de la xénophobie dans le pays. Entretien avec l’une des deux auteures, Petra Dvořaková.
Qu’est-ce qui vous a poussées, toi et Fatima Rahimi, à vous infiltrer dans les milieux de l’extrême-droite tchèque pour écrire votre série de reportages ?
Il y a des gens qui ne parlent presque jamais aux journalistes. Tomio Okamura, aujourd’hui vice-président de la Chambre des représentants de la République tchèque, est l’un d’entre eux. Il mène le quatrième parti parlementaire tchèque – le SPD -, se fait un fric monstre avec les opinions xénophobes et ne répond presque jamais aux appels des journalistes. Et ces derniers ne réagissent pas.

Les milieux anti-migrants grouillent de personnes partageant cette défiance envers les médias. Leurs militants désignent souvent les journalistes des médias traditionnels comme des serviteurs de « l’establishment bien-pensant », qui auraient les mains liées par la censure et la propagande. Ces gens ne font qu’aggraver la méfiance de plus en plus importante des citoyens à l’encontre des médias traditionnels et des institutions, et cela leur permet de manipuler eux-mêmes l’information, tout en se donnant une excuse pour ne pas parler aux journalistes (respect aux exceptions !).